09 2025
Déconnage. Les pieds entrainent la pensée
Traduit de l'anglais par Anne Querrien
Car ce qui compte, comme dirait Vallon, c'est l'acte. La pensée vient après l'acte.
C'est-à-dire que la contraction musculaire, les attitudes, les postures, etc. précèdent la pensée..,
François Tosquelles
Ma thèse Ways of Meaning. Machinic animism and the revolutionary practice of geo-psychiatry, concerne le concept d'animisme « machinique » et l'intérêt de Félix Guattari pour les cosmologies non occidentales, au Brésil et au Japon. En collaboration avec le philosophe, sociologue et activiste Maurizio Lazzarato, quatre installations vidéo ont été réalisées entre 2010 et 2013.
Notre installation vidéo Déconnage se concentre sur le travail du psychiatre révolutionnaire catalan François Tosquelles à l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur la relation entre le milieu, l'environnement, la résistance politique et le rôle de la migration et de la mobilité dans la production de subjectivité. Déconnage a été conçue comme une enquête audiovisuelle expérimentale, une étude archivistique connective. L'installation a été présentée pour la première fois en 2011 dans le cadre de l'exposition ANIMISM organisée par Anselm Franke à Vienne et à Berlin, puis à la galerie de l'hôpital psychiatrique universitaire de Genève (HUG) et pour la première fois en 2012 en Catalogne dans le cadre de l'exposition organisée par Carles Guerra au MACBA (Critical Episodes (1957-2011) ; au MACBA Collection, et à Barcelone. Dix ans plus tard, Carles Guerra, en collaboration avec Joana Masó, a développé l'exposition complète Francesc Tosquelles. Comme une machine à coudre dans un champ de blé pour plusieurs musées en France et en Espagne.
Je m'intéresse a l'analyse des compétences psychomotrices par François Tosquelles en tant que forme de diagnostic différente des méthodes de diagnostic établies à l'époque en psychiatrie. Les méthodes analytiques de diagnostic non verbal de Tosquelles ainsi que l'idée de la géo-psyché ont été qualifiées d'œuvre migrante (Gary Genosko, The Guattari Reader.) Je m'intéresse aux expressions non verbales, aux gestes et aux mélodies vocales qui se situent dans l'acte de parole et précèdent la pensée, et je relie ces idées à la notion politique de l'autonomie de la migration. Je propose de faire de la géopsychiatrie une pratique militante et artistique contemporaine de la cartographie visuelle.
Le "déconnage", titre de notre installation, peut être interprété comme une interruption et une connexion simultanée (et insensée). Cette œuvre vidéo est un acte audiovisuel d'association et de dissociation. Le locuteur actif interrompt et connecte le locuteur précédent par le biais d'un acte de montage audiovisuel ou, pour le dire plus simplement, par la fonction Stop and Go au cours d'un acte de parole enregistré.
L'enquête archivistique est basée sur un entretien filmé de François Tosquelles avec une psychiatre, Danielle Sivadon, un psychanalyste, Jean-Claude Polack et le cinéaste François Pain, l’entretien date de 1987, il s'est déroulé sur trois jours. Déconnage enrichit l'interview de Tosquelles de nouveaux commentaires de la manière suivante : en 2011, la philosophe Elisabeth von Samsonow (autrice de l’Anti-Elektra, œuvre féministe faisant pendant à l’Anti-Œdipe) et le psychiatre Jean-Claude Polack (psychanalyste basé à Paris, travaillant à La Borde depuis les années 1960) ont reçu des extraits vidéo (45 min) montés à partir des images brutes de l'interview de Tosquelles de 1987. Tout en écoutant ce discours pré-monté, ils pouvaient utiliser le bouton pause du lecteur vidéo pour interrompre sa narration quand ils le souhaitaient. Pendant cette pause spontanée, ils pouvaient glisser leurs pensées ou commentaires à propos des idées de Tosquelles. Puis ces trois discours sont reliés lors du montage final.
Dans l'installation, un deuxième écran de projection lumineux émet une lumière abstraite colorée venant compléter l'image composée des trois orateurs sur l'écran qui figure au-dessus de l’interview. La lumière sur l'écran de projection bouge au rythme du mouvement corporel des orateurs. L'image est rendue par un seul pixel agrandi de l'image du visage de l'un des orateurs. Ainsi, le rythme de scintillement du champ lumineux fait abstraction des mouvements du visage de la personne qui parle. Sous l'écran lumineux figure une étagère avec les vingt-deux livres choisis par nous. Ainsi, l'installation composée de trois entretiens les relie en les présentant sur une même surface visuelle et temporelle (Samsonow, Tosquelles, Polack). La mise en scène s'apparente à une séance philosophique-psychanalytique virtuelle déclenchée par les réactions psychomotrices des intervenants présents.
Le concept esthétique de Déconnage approfondit et met en scène l'intervention extra-analytique de Tosquelles en psychothérapie en tant que forme d'association et d'intervention non verbale.
Dans Déconnage, Tosquelles écrit le rôle institutionnel d'un hôpital psychiatrique à partir d’une approche culturelle et territoriale du lieu. A travers un plaidoyer pour la mobilité et le vagabondage, adossé aux théories de l’aliénation sociale (Marx) et psychique (Freud), prend forme un récit de la révolution institutionnelle de Saint-Alban pendant la guerre. Ce récit sur prend par sa situation et sa complexité.
Le projet artistique Déconnage fait référence aux processus de montage d'images et de sons basés sur le temps. L'acte précède la pensée. Dans ce sens, les possibilités psychométriques du montage (les gestes du travail des lignes temporelles avec un ordinateur) sont liées à une réaction psychométrique incarnée résultant d'une pensée animiste qui promeut des mondes picturaux où tout est lié. Il ne s'agit pas de vues théoriques, mais de langages cinématographiques, voire cinétiques, issus de pratiques artistiques de montage incluant des temporalités d'écoute et d'action qui permettent de différer la portée sémantique du résultat filmique.
Les techniques d'image du montage sont souvent comprises comme des outils analytiques permettant d'approfondir les liens extra-linguistiques qui apparaissent dans les actes de parole et les gestes. Le lien, le clic, l'enregistrement et la coupure peuvent ainsi devenir un récit cartographique. Dans Déconnage, les coupures sont des balises conduisant transversalement d'un point de l'histoire tirée de telle archive vers d'autres images et d'autres moments dans telle autre conversation, et ainsi de suite. Ce traitement des images, leurs appels spontanés à l'action (de la parole), forment le mouvement de notre pensée lorsque nous regardons cette enquête d'archives. Les interruptions et les élaborations des autres locuteurs dans les enregistrements du discours de Tosquelles créent de nouvelles connexions matérielles.
À plusieurs reprises dans Déconnage, Tosquelles souligne son rôle de migrant et, d'étranger qui saisit le monde « avec les pieds », qui décrit l’apprentissage par la réitération, par une rencontre constante, et une réelle pensée du mouvement.
Extrait de Déconnage – partie 6 – Pieds (L'œuvre migrante de la psychothérapie institutionnelle)
François Tosquelles : Vous avez un peu bourlingué. Je ne sais pas comment vous avez fait pour tout gérer, mais on se déplace. Ce qui compte, ce n'est pas la tête, mais les pieds. Savoir où l'on met les pieds. Ce sont les pieds qui sont les grands lecteurs du monde, de la géographie. Aller de l'avant ne se fait pas avec la tête. Si vous voulez trouver une aiguille de cette façon, vous y passerez des années. C'est pourquoi il faut savoir où l'on met les pieds. Vous comprenez ? C'est tout. C'est le pied qui est l'appareil ou le lieu de réception de ce qui devient alors le tonus. C'est pour cela que toutes les mamans chatouillent les pieds de leurs bébés ; pour les faire se lever, pour initier une distribution du tonus qui permet d'aller quelque part….
Jean Claude Polack : C'est une confrontation, une attaque directe contre la psychanalyse, on ne peut pas l'entendre autrement. En effet, pour un analyste, on se confronte au monde d'abord et surtout avec ses oreilles. C'est ce que l'on entend qui est le plus important. Parce qu'au départ le bébé est complètement immobile, dans un état de détresse absolue, dépendant totalement de l'autre, il ne peut que faire face et recevoir toutes sortes de choses du monde. Il y fait donc face avec ses yeux et ses oreilles ; il est connecté aux images d'une part et aux signifiants d'autre part. Mais il insiste beaucoup sur ce point, en disant que c'est d'abord une question de posture.
Polack interprète l'affirmation de Tosquelles sur la primauté du corps sur la pensée comme une attaque contre la théorie psychanalytique lacanienne. La relation de dépendance d'un embryon dans l'utérus détermine les lignes de fuite de l'ouïe. La perception non verbale préœdipienne se développe à partir de la nécessité d'une dépendance physique, qui prend de la valeur mais n'est pas connotée positivement ou même évaluée négativement comme un lien schizogamique à la mère. Pour la philosophe Elisabeth von Samsonow, qui commente dans Déconnage le rôle de la mère et le drame de la naissance, les relations schizogames (de corps à corps, de mère à embryon) se confrontent aux techniques culturelles patriarcales de dévalorisation. La croissance schizogame est pour Samsonow une continuation de la vie, qui existe également sans reproduction sexuelle. Pour elle, le rôle sexué de la reproduction n'est pas le seul facteur d'une économie mondiale. La croissance (par exemple par la photosynthèse des plantes) a également lieu au-delà de la reproduction sexuelle. La reproduction des corps par le biais d'un continuum matriciel (Samsonow parle d'une relation marginalisée de la mère à la fille) est économiquement dévalorisée par les techniques culturelles patriarcales. Dans la pensée psychanalytique patriarcale, le drame la naissance devient supra-signifiant et est même considéré comme une forme de libération de l'état de dépendance à l'égard de la mère.
Les points de départ non-œdipiens que Tosquelles critique dans son roman familial dans Déconnage correspondent aux catégories de Samsonow sur les devenirs schizogames et les formes d'existence pré-individuelles. En outre, la compréhension des positions psychomotrices dans un milieu s'étend, au-delà de la forme corporelle, au rythme, à la pulsation et aux connexions élémentaires (par exemple l’eau dans les corps se connectant à l’eau dans d'autres corps). Voir et entendre ne présuppose pas une séparation des sens. Leur connexion apparaît également dans l'étude de Daniel Stern, qui « souligne le caractère intrinsèquement trans-subjectif des premières expériences du nourrisson, qui ne dissocient pas le sentiment de soi du sentiment de l'autre ». Les niveaux physiques de l'audition de la voix et de la parole sont intégrés dans la vision ; ils ne réduisent pas l'audition à la capacité de parler. Les niveaux asignifiants du son, ses qualités musicales et rythmiques, créent un contexte matériel.
Tosquelles a commencé ses études de psycho-diagnostique myocinétique avec le professeur Emilio Mira Y López à l'Institut Pere Mata de Reus. Contrairement aux travaux scientifiques de psycho-ingénierie des 19ème et 20ème siècles, qui considéraient le corps humain comme une machine contrôlée par le cerveau, les études myocinétiques d’E Mira considéraient les mouvements musculaires de contraction comme un mouvement qui précédait la pensée et donc l'événement psychique. La recherche myocinétique a évolué vers une nouvelle pratique du psychodiagnostic qui ne s'appuyait pas sur le langage car, comme le dit Mira y López, « le langage a évolué en outil pour masquer les sentiments et les pensées ». Il se réfère au terme de myo-psyché, qui désigne « les dispositions qui forment la base d'une adaptation instinctive et psychomotrice au milieu », pour prouver que c'est le corps qui perçoit le monde en premier et avant le langage.
Pour Tosquelles, c'est la position corporelle dans un milieu qui exprime la pensée, l’éthique. La position dans un champ (par exemple lors d'un match de football organisé pour les patients de Saint-Alban) ou, pour le dire autrement, les relations que nous assumons à travers notre position dans le milieu sont en constante évolution et ne sont pas essentiellement catégorisables.
L'approche expérimentale de Tosquelles s’intéresse à une ‘géographie humaine’ : tous les symptômes psychiques émergent à la suite d'une relation socio-spatiale. Son modèle psychiatrique repose sur l'idée d'une coopération non hiérarchique et sur la liberté de mouvement. L'esprit n'est jamais une position fixe dans une structure, mais plutôt une position en constante évolution dans un assemblage spatial. Notre esprit suit notre corps tout en traversant un ensemble mouvant d'énonciations et d'actions humaines et non humaines. Si le corps agit avant l'esprit, il devient évident que la liberté de mouvement est un droit humain essentiel, à savoir le droit de l'homme à errer librement. Toute fixation ne conduirait qu'à un état pathologique de l'esprit.
Le droit de vagabondage est mis en relation avec la liberté de la migration mentionnée dans le livre Escape Routes : Control and Subversion in the Twenty-First Century de Dimitris Papadopoulos, Niamh Stephenson et Vassilis Tsianos. Ils élaborent une théorie politique de l'autonomie de la migration, et montrent l’ancrage philosophique des voies d'évasion de la société de contrôle dans une histoire capitaliste de mondialisation et de néo-impérialisme. Les lignes de fuite que Tosquelles revendique comme « droit humain » au vagabondage sont reconnaissables dans l'autonomie de la migration. Tosquelles nous rappelle qu’au fondement de la lutte contre le capitalisme, il y a les masses prolétarisées, démunies et vagabondes. En laissant toujours la pensée suivre le pied, Tosquelles énonce un manifeste politique contre la dichotomie corps-esprit de la modernité. L'enquête archivistique de Déconnage pose les concepts d'un agencement collectif d'énonciation en relation avec l'animisme et le totémisme qui émergent également dans la condition contemporaine, nomadologique, de la migration. Un paysage, par opposition à un territoire, n'est pas un plan objectif ou mesurable, mais plutôt un ensemble d'informations intégrées dans l'expression matérielle d’un milieu. Le « dehors » n'est pas un ensemble de mesures géographiques déterminées par la science occidentale : il se transforme continuellement, c’est une formation en mouvement entre les humains, les non-humains, les animaux, les plantes, les cieux, les mondes souterrains, les mers et les paysages dans lesquels nous vivons et emmagasinons nos connaissances. Cette formation en mouvement est relationnelle, dynamique et psychique.
Pour la psychothérapie institutionnelle, la mobilité n'était pas seulement un droit humain, mais aussi un droit médical. Sans mobilité, sans vagabondage, ou du moins sans la liberté de décider où pouvoir « poser le pied », où orienter nos sens, l’esprit est immobilisé. Sans mobilité, nous répétons des schémas de pensée qui sont le symptôme d'un état psycho-pathologique, à savoir la fixité. Les voies d'évasion sont à la fois physiquement et mentalement fondamentales pour la reconstruction de nos subjectivités contre les politiques d'identité et les machines à fixer des États-nations modernes. Ses idées en matière de psychothérapie institutionnelle découlent de sa pratique politique contre les camps de la mort et les systèmes concentrationnaires de la Seconde Guerre mondiale.
Sans mobilité, sans vagabondage, sans la liberté de décider où « mettre les pieds », où diriger son esprit, la pensée est figée et la guérison des troubles psychiques est entravée. La liberté de mouvement à Saint-Alban permettait au patient de redéfinir et de choisir sa position, de changer la relation aux patients et aux médecins. Cette organisation de la psychothérapie institutionnelle a nécessité une structure temporelle ouverte au présent, au temps de l'événement, un temps non chronologique permettant de nouveaux principes d'organisation et de connexions. Son travail politique et thérapeutique va de pair avec action contre les systèmes oppressifs d'incarcération par catégorisation diagnostique. Son analyse développe l'autonomie à tous les niveaux de l'institution. D’après Jean-Claude Polack, Tosquelles a construit une méthodologie d'analyse qui « transpose sa position d'étranger » à la terre en « habitus analytique diagnostique », qui analyse la psyché en relation avec l'environnement en tant qu'information contextuelle extra-analytique de la communication verbale en psychanalyse. Selon Elisabeth von Samsonow, l'expérience de l'étrangeté est une condition pour les groupes de sujets minoritaires en général.
La critique féministe de Samsonow dans Anti-Electra. Totemism and Schizogamy contient un déplacement important de Capitalism and Schizophrenia de Deleuze et Guattari. La schizogamie définit la croissance corporelle d'organismes spécifiques sans reproduction sexuelle. Samsonow critique l'interprétation psychanalytique freudienne des mythes grecs, en tant que forme d'oubli culturel, élément de guerre culturelle introduit avec la renaissance moderne du théâtre classique (le récit d'Électre de Freud), qui, dans la culture minoïque et athénienne, canonise le nouvel ordre patriarcal de la société de guerre grecque. La neutralisation délibérée d'Électre témoigne d'une neutralisation mnémotechnique de l'utérocratie. Selon Samsonow, Freud a mis entre parenthèses le continent préœdipien comme une sphère sans mots et sans concepts, qui se retire donc de la construction des modèles psychanalytiques. Cependant, la relation mère-fille, affirme Samsonow, est schizogamique : il s’agit d’une relation corps-corps qui « éclaire l'empire de la plasticité », c'est-à-dire un corps qui transite, qui change, qui se transforme, une corporéité transitoire et changeante, une métamorphose basée sur le métabolisme inhérent au potentiel de la « création humaine », en tant que production schizogamique et non reproductive du corps à travers les corps.
La pertinence politique de cette rationalité polyvalente contient pour Samsonow le potentiel d'une économie non tragique, schizogame, distribuée à travers toutes les formes de vie, qui pourrait prendre effet au-delà de l'abus de pouvoir usurpateur de la modernité œdipienne et patriarcale. L'ordre anti-Œdipien d'Anti-Elektra contient la loi de l'animal-humain, des « greffes » (au lieu des systèmes de reproduction), des « êtres ambiants », et se lit comme une proposition animiste (totémique). Selon Samsonow, « être humain » ne signifie pas seulement que l'on dérive d'autres humains, en particulier du géniteur ou du père, mais que l'on établit et maintient une relation avec tout ce qui n'est pas humain. Comme le pensait Giambattista Vico, « être humain pourrait aussi, d'une certaine manière, provenir de l'humus » , c'est-à-dire être lié à une logique de la terre qui attend de toute urgence de se déployer. Le rôle non verbal de la voix, de la mélodie, du geste et du rythme, en tant que caractéristique extra-analytique, permet d'aborder les alliances avec les paysages, les plantes, les animaux, les choses, etc. Nous voyons clairement la schizo-analyse apparaître dans ce contexte.
Les politiques transnationales de la société post-libérale répondent à l'autonomie de la migration, qui s'exprime comme une force créatrice continue au sein des transformations sociales, culturelles et économiques, avec des régimes toujours nouveaux de contrôle de la mobilité. Par conséquent, l'agrégat politique de l'État post-libéral, porocratique (poreux), est défini par les flux migratoires. La fuite avant tout ! Les efforts des gens pour s'échapper peuvent forcer la réorganisation du contrôle lui-même ; les régimes de contrôle doivent répondre à la nouvelle situation créée par l'évasion. Cet effet de fuite n'aborde pas la politique comme une opposition à l'État, mais comme une machine de production d'une nouvelle subjectivité. De nouvelles stratégies de perception sont testées. Ces stratégies sont comprises comme des politiques subversives et invisibles, infiltrant les régimes normatifs des gouvernements nationaux souverains, contraints de suivre. « La fuite vient en premier » - ainsi, l'endroit où nous posons notre pied devient la question de la politique de l'État.
Publié initialement dans : Chimères No 107, Septembre 2025